De la Course Landaise à la Corrida
Jean-Pierre DUFOURCQ
Pour la beauté du geste
Le dimanche 18 juillet, c'est jour de fête à Amou. Dans les arènes ombragées de la Técouére, la course touche à sa fin « Dès l'ouverture de la porte, le reflet d'un boléro de lumière vint illuminer l'oeil noir d'Ibiza. La sortie de la corne d'or est toujours un événement particulier sur la terre qui l'a vue naître...C'est Miguelito, l'enfant du pays, qui vient la défier à la sortie du toril... ». Cet aprèsmidi là, Jean Pierre Dufourcq est tombé sous le charme de la coursière de Jean Louis Deyris « cette course était exceptionnelle car les toreros étaient motivés et je découvrais Ibiza. Il fallait que j'écrive quelque chose sur cette vache. ». Et c'est ainsi que naquit « le geste inutile ». Cette délicieuse nouvelle, premier prix de l'aimable joute littéraire organisée lors des Pâques taurines par la Pena mugronnaise. L'amollois est un fidèle de ce concours dont il sortit déjà vainqueur en 2014 avec sa fameuse « lettre ». L'invitation à un périple entre la Maestranza de Séville toute acquise à la cause du Cordobés et les attentats du 11 septembre à New-York « je voulais faire une sorte de parallèle entre une vie de bohème et la folie du monde. ». Pour les besoins de son activité professionnelle, Jean Pierre Dufourcq voyage beaucoup. Il traverse les océans, hante des chambres d'hôtel au décor insipide. C'est à des centaines, parfois même à des milliers de kilomètres de sa Chalosse natale que sa rencontre avec les mots a vraiment commencé « parce que je suis seul dans ces moments là. J'avais déjà écrit quelques textes confidentiels. Le fait de voyager apporte énormément. ».
*L'âme des braves : Notre chalossais voyage aussi dans le temps. Une référence à l'histoire héritée de son père « il était très branché sur ça. C'est certainement le reflet d'une éducation associé au côté mystérieux de la tauromachie. ». Son « geste inutile » traduit merveilleusement sa volonté de réveiller l'âme des braves reclus dans la tranchée 37 un soir de Noël. Michel, l'écarteur d'Amou repense le regard mélancolique « à sa jeune épouse au ventre arrondi abandonnée sur la ferme en Chalosse quatre mois plus tôt. ». Michel et Paul, son copain de Mugron entendent au loin l'écho d'une Marche Cazérienne qui les incite « à faire course » dans la place de la Sablière à Amou. A oublier les marches militaires et cette « putain de guerre » qui n'en finit pas. Le « Geste inutile », c'est un écart face à un camarade fonçant sur lui, toutes baïonnettes dehors. Un écart, pour une poignée de boches, venus fraterniser en cette nuit de Nativité. Un écart de conduite peu apprécié de ses supérieurs qui conduira Michel et Paul au peloton d'exécution. « Ces jeunes ont été rattrapés par la réalité de leur époque ». Miguelito, l'arrière petit-fils de Michel, subit le même sort dans le cratère de la Técouère. Jean Pierre Dufourcq nous rappelle en effet que la course landaise est d'abord un combat. Un défi permanent dont les hommes ne sortent jamais tout à fait indemnes.
Bertrand Lucq
Légende photo : Jean Pierre Dufourcq prend connaissance du recueil de la Nouvelle Taurine dont il est sorti vainqueur(JC Dupouy)
Photos de la soirée du 30 juin 2017 à Mugron
Présentation du recueil des nouvelles Taurines 2017